« Le mieux est l’ennemi du bien », vous êtes d’accord ?
Derrière cet adage populaire, se cache le fait que notre comportement ne doit pas nous entrainer dans une recherche de l’inatteignable, de l’inaccessible.
Dans son dernier ouvrage –« le piège de la perfection« – (1), le Professeur Thomas Curran (2) explore les pièges du perfectionnisme dans notre société.
C’est un sujet qui concerne directement l’activité d’expert freelance ; en effet, dans la réalisation de nos missions, nous sommes souvent à la recherche d’une forme de perfection, pour de multiples raisons :
- satisfaire son client « au delà de ses attentes » et provoquer un effet « whaou ! »,
- atteindre des objectifs personnels de qualité (souvent trop élevés),
- éviter d’être pris à défaut dans son analyse…
Or, perfectionnisme ne rythme pas toujours avec bien-être au travail. Et comme Indépendant, nous n’avons pas le regard extérieur d’un collègue bienveillant pour nous alerter des dérives possibles…
Voici l’essentiel à retenir de l’ouvrage du Professeur Thomas Curran :
Pourquoi parler du piège du perfectionnisme ?
Le perfectionnisme se développerait sous l’influence de 3 facteurs : génétique, familial et culturel. Ainsi, le sujet de ses dérives n’est pas nouveau, comme en témoigne il y a 180 ans Nathaniel Hawthorne (3), dans sa nouvelle « The Birth-Mark » (la « Marque de naissance »).
Dans cette nouvelle, Aylmer, un chimiste aux piètres compétences, épouse une jeune femme, Georgiana dont la seule « imperfection » est une tache de naissance (aussi appelée hémangiome plan ou tache de vin) sur sa joue gauche. Aylmer devient anormalement obsédé par cette tache, et rêve même de la découper, dans le but d’atteindre une « perfection idéalisée ». Finalement, il concocte une potion et tue son épouse.
Ce drame est une forme d’allégorie des dangers du perfectionnisme ! Sans dramatiser à l’extrême, il est temps de prendre conscience que la recherche obsessionnelle de la perfection n’est pas saine pour son équilibre.
L’impact sur la santé d’une quête « vaine et néfaste »
Thomas Curran dresse d’abord un constat : nous sommes tous engagés, par notre culture et nos habitudes, dans une quête permanente vers une forme de perfection.
L’auteur nous alerte donc sur les dérives du perfectionnisme ; il peut entrainer des conséquences néfastes sur notre bien-être émotionnel et mental comme :
- des comportements contre-productifs, de la perte de temps ; par exemple, qui n’a jamais eu ce comportement compulsif de relire 10 fois un mail mineur avant de l’envoyer ?
- une souffrance mentale, du stress, face à un dossier urgent ; autre exemple : un perfectionniste stresse souvent, il est aussi brouillon ou en retard, précisément en raison d’exigences trop élevées,
- l’incapacité à travailler dans un climat de collaboration,
- la difficulté de s’adapter à une situation nouvelle déstabilisante,
- Un regard négatif sur le travail des autres.
Ces situations peuvent dégrader notre santé et conduire à des comportements extrêmes :
- des états de dépression,
- de l’épuisement,
- des troubles alimentaires,
- de l’anxiété, etc.
Mais aussi du harcèlement moral, exercé par le perfectionniste envers son entourage, ou à l’inverse, la manipulation par un manager malveillant d’une personne perfectionniste, en l’encourageant dans ses travers.
L’auteur, au travers d’exemples concrets démontre comment le perfectionnisme se construit des attentes irréalistes.
La solution du « assez bien » ?
Thomas Curran propose une nouvelle ligne directrice, sans doute libératoire : viser le concept du « good enough » (assez bien) comme une alternative saine au perfectionnisme toxique.
L’auteur encourage d’ailleurs ses lecteurs à corriger leur comportement :
- reconnaître et à accepter leurs propres limites,
- imaginer que le progrès et l’accomplissement peuvent coexister avec l’imperfection,
- contourner « le culte de la perfection » et se développer dans une réalité plus nuancée,
- reconnaître enfin « la beauté de l’imperfection ».
Identifier la dérive de perfectionnisme
Le perfectionnisme est une vraie plaie ; pour le repérer, vous devez adopter une approche subtile. Trois idées à retenir pour cela :
- Le perfectionnisme est multiforme. Il ne consiste pas seulement à avoir des critères élevés de performance mais il suit une conception du monde, fondée sur un contrôle total.
- Les objectifs d’une approche perfectionniste sont en général « inatteignable et irréaliste ».
- Il est aussi « bien caché » car si vous demandez à un perfectionniste comment il va, il vous répondra « je suis sous l’eau » ou « je suis à fond » ; il en tirera même une certaine fierté, comme si la situation était acceptable ou normale. D’autres réactions peuvent aussi conduire au déni et dans ce cas, le perfectionniste se contentera d’un « je gère la situation ».
Conclusion
L’interêt de l’ouvrage de Curran est de venir défier les normes sociétales qui glorifient la perfection et de souligner que cette quête est bien illusoire !
Dans tous les cas, le but recherché est de favoriser une meilleure qualité de vie. Nous pouvons tous être d’accord sur cet objectif ultime !
Pour aller plus loin :
- Article : La déconnexion pour les freelances
- Article : Tour d’horizon de 5 nouvelles méthodes de Management pour 2024
- Article Handirect : Le perfectionnisme: comment le gérer avant l’obsession
- Article : le perfectionnisme: quand le mieux devient l’ennemi du bien