Sur le marché de l’emploi comme dans la recherche de missions d’indépendants, il existe une difficulté croissante à optimiser la mise en relation entre offre et demande.
Deux facteurs se conjuguent :
- Les donneurs d’ordres recherchent des savoir-faire et des compétences alors que le marché et les plateformes d’emplois privilégient encore une catégorisation par « métier »,
- Les entreprises intègrent les nouvelles méthodes agiles, exigeant réactivité et disponibilité dans leur recherche (et en évitant les processus d’appel à projet classiques, plus longs).
Moins de « métiers » et plus de « compétences » ?
Les auteurs du récent rapport du Conseil d’orientation pour l’emploi (COE, 2017) posent une question essentielle : la notion figée de « métier » est-elle toujours pertinente quand on analyse les besoins d’une économie marquée par une évolution technologique permanente?
Pour eux, une certaine forme de pragmatisme doit l’emporter afin de mieux prendre en compte « la compétence » des individus, une notion encore vague qui pourrait être définit comme un « savoir-faire en action ».
Au travers de cette réflexion, apparaissent certaines limites dans l’utilisation des job boards classiques (les sites d’emploi) :
- les profils sont plutôt triés par métiers et le sourcing implique du temps, des coûts souvent élevés et un certain savoir-faire (recherche par langage booléen…) ,
- ils peinent à faire ressortir les réelles compétences de leur membres,
- ils ne tiennent pas compte des degrés d’urgence des donneurs d’ordres.
La mise en relation entre une entreprise et une compétence est un réel enjeu, d’autant plus dans les secteurs comme celui des nouvelles technologies où les ressources sont rares.
Le cas extrême des nouvelles technologies
Dans les secteurs en forte croissance, comme l’informatique et les nouvelles technologies (IT) la tension sur le marché de l’emploi est renforcée par la rareté des ressources : la pénurie d’experts s’évaluerait à 80.000 d’ici 2020 (1) !
D’après une enquête Pôle emploi réalisée début 2017, « 58 % des projets d’embauche dans les familles de métiers de l’informatique sont considérés comme ‘difficiles' ». Par ailleurs, il manquerait quelques 10.000 ingénieurs en France…
La difficulté d’adaptation de la formation professionnelle au besoin des entreprises se conjugue avec l’explosion de la demande en experts IT : les activités Smacs (social, mobile, analytics, cloud, sécurité) progressent au rythme de 20% par an !
Elles tirent le secteur des services informatiques -ESN (2)- dont elles ne pèsent pour l’instant que 10% (source Syntec). Les Éditeurs de logiciels ne sont pas en reste puisque sur un marché mondial de 351 milliards de dollars, leur croissance annuelle est estimée à 5,5% en 2017.
Dans ces conditions, les opportunités de postes et de missions sont nombreuses mais pour les entreprises en quête de « la perle rare », il convient d’être innovant car le sourcing s’annonce difficile !
La disponibilité devient une information clé
Les réseaux sociaux professionnels et les job boards on pris conscience de l’importance de donner de la visibilité aux experts, en particulier quand ils sont indépendants.
La plateforme Viadeo (reprise en 2016 par reprise Figaro Classifieds) se limite à indiquer la mention statique « en recherche active » sur le profil de ses membres.
Linkedin favorise l’enrichissement des profils de ses membres en proposant de multiplier compétences et recommandations. Par ailleurs, ce réseau professionnel mondial tente de faciliter la mise en relation au travers d’outils variés (application, chat en ligne…).
La start up Malt (ex-Hopwork) -créée en 2013- relance quant à elle régulièrement par email ses 25.000 membres afin qu’ils confirment ou non leur disponibilité. Une fois la confirmation effectuée, le profil s’affiche avec une pastille verte.
Pour aller encore plus loin, la plateforme Staffman, dédiée aux experts des services du numérique (ESN) a placé la disponibilité au cœur de son activité. Son crédo : un ingénieur pour lundi ».
Bastien VIALADE, co-fondateur de la plateforme avec Joël ALAUX, s’explique :
« Les projets de nos clients (les services informatiques ESN) n’attendent pas, et dans la course à l’innovation, chaque journée de perdue est dommageable ».
Staffman se distingue d’une solution classique de recrutement par la dimension collaborative qu’elle revendique (3). La plateforme joue sur le « staff-sharing » en mettant en relation les entreprises qui ont des ingénieurs disponibles (entre deux missions), et celles qui recherchent ces compétences.
Aussi, pour offrir une réponse la plus exhaustive possible, Staffman référence les candidats et les freelances disponibles.
Une cliente de Staffman, issue des 150 entreprises présentes sur la plateforme confirme :
« Je suis ingénieur d’affaires et j’ai de plus en plus de mal à contacter des développeurs pour leur proposer des missions. Je les comprends, ils sont tellement sollicités qu’ils se mettent moins en avant sur les joboards ou Linkedin. Staffman se démarque en proposant des profils à l’écoute et prêts à accepter une mission. »
Avec la transformation numérique des entreprises, l’innovation dans le domaine de l’emploi a encore de beaux jours devant soi !
(1) La Tribune : Emploi : une pénurie de main d’oeuvre à prévoir dans le numérique, Grégoire Normand | 22/09/2017
(2) Les entreprises de services du numérique (ESN) françaises étaient connues sous le terme de SSII (sociétés de services en ingénierie informatique). Parmi les plus connues : Atos, Capgemini, Alten, Altran ou Sopra Steria, le « leader européen de la transformation numérique » dont le bénéfice net a bondi de +78% en 2016, à 150 millions d’euros.
(3) Dans le domaine dans l’aéronautique et le spatial, une plateforme d’experts a aussi été lancée : EMindHub.